jonathan Administrateurs
Date de naissance : 13/07/1944 Age : 80 Localisation : Aveyron / France
| Sujet: Témoignage d'Annie Sam 8 Fév - 8:20 | |
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Ce dimanche est celui de la santé. Nous portons dans notre prière tout le personnel soignant, les visiteurs bénévoles et bien sûr les malades. A cette occasion, voici le témoignage d'Annie : Journée de la Santé - En mai 2006, la vie suivait son cours avec ses hauts et ses bas, ses petits et grands bonheurs, ses contrariétés… Tout semblait être bien « câlé », mon métier d’enseignante (quoique de plus en plus difficile), la famille avec les enfants arrivant au bout de leurs études… Puis tout à coup, la maladie a frappé. La nouvelle est arrivée comme un choc brutal. Pour moi, l’ordinaire de la vie s’est effondré. Tout s’est écroulé. Ce fut le gros cataclysme et même temps, je me suis dit : là, j’y suis ! Je suis au pied du mur, je suis arrivée au bout de quelque chose.
Inconsciemment, je suis sûre qu’on va vers quelque chose qui va faire éclater l’abcès. Peut-être éclater un mal de vivre. J’étais au pied du mur, je savais que j’avais atteint cette frontière. Soit je changeais ma vie, ma raison d’être, de penser, de voir, soit j’y passais. Tous ces non-dits, toutes ces blessures sur lesquelles on n’a pas mis un sens ; la maladie sert à ça ! A grandir, à être capable de gérer autrement sa vie : au travail, dans ses relations, en famille. Ceci dit, c’est très personnel, je sais que tout le monde ne pense pas ainsi !
Une fois cette prise de conscience, il me fallait agir, me prendre en main ; cela n’a pas été facile, surtout au début, quand la révolte fait rage (pourquoi moi ?), qu’on a envie de hurler et que la douleur hante le corps pendant les traitements. Pour gérer la souffrance, il faut recontacter quelque chose à l’intérieur de soi. Le corps est certes touché, il absorbe les médicaments mais je pense qu’on peut rester intact à l’intérieur. On arrive à la contenir cette souffrance mais cela demande beaucoup d’énergie. Ce qui m’a aidé, sauvé même, c’est d’être en relation avec cette nature que j’aime tant et mon jardin aussi. Après chaque chimio, j’allais aussitôt le revoir. Je me sentais heureuse de le retrouver alors que j’avais le corps tout « mâché ».
Autre point crucial pour survivre et certainement le plus important, c’est bien sûr le rôle de l’entourage. J’ai reçu en plus de l’amour de mon mari et de mes enfants, plein de signes d’amitié. J’ai beaucoup apprécié les visites de mes collègues de travail, de mes petits élèves, de leurs parents, de mes voisins et amis et tous leurs services rendus.
Là, je suis arrivée à me dire « maintenant je lâche ». J’accepte de ne plus tout maîtriser. Je suis Annie, je me laisse porter, on s’occupe de moi. L’entourage doit accepter les « griffures » de celui qui est malade, de celui qui est révolté, qui souffre. A côté de soi, on a besoin d’une présence physique, discrète et chaleureuse, sans être envahi. C’est bien sûr très dur pour celui qui a le cancer mais je suis convaincue que pour celui qui accompagne, c’est également très difficile.
Le rôle des soignants est aussi très important. Les traitements sont lourds et puis on a peur, on se confronte à la mort. Heureusement, depuis quelques années, le malade n’est pas vu uniquement au travers de son cancer, mais il est considéré en tant qu’être humain.
J’ai été très touchée par l’écoute attentive des médecins et infirmières qui savaient entendre mes questions, mais aussi mes peurs, mes silences et mes souhaits. J’ai vécu avec le personnel soignant des moments très forts, des moments intenses de vérité où les masques tombent. Dans ce contexte de maladie « noire », le corps médical est un élément très précieux ; la douceur dégagée, qui n’a rien à voir avec de la compassion, est un excellent agent moteur de réaction positive.
La reprise du quotidien, une fois les traitements terminés, a été une période assez difficile où j’ai été confrontée à un sentiment de vide et de perte de repères. Encore une fois, la bienveillance et l’attention de ma famille m’ont encouragée à reprendre mes activités mais aussi à mieux exprimer mes envies, à transformer l’épreuve du cancer.
J’ai réintégré ma profession à mi-temps pour me protéger, m’accorder du repos. J’ai aussi changé d’activité, abandonnant l’enseignement ordinaire pour m’occuper aujourd’hui des enfants rencontrant des difficultés d’apprentissage. J’ai énormément reçu pendant ma maladie et je voulais à mon tour donner aux autres, être utile auprès des plus faibles. Finalement, je me demande si l’épreuve du cancer n’est pas parfois ce long et douloureux détour pour revenir au plus proche de ses désirs.
Le cancer fait faire un tri. On ne vit plus pareil après la maladie, on va dans ce qui est vrai dans la vie. Une maladie comme celle-là oblige à relativiser les choses car forcément on est en prise directe avec la vie et la mort. On est donc obligé de se recentrer sur l’essentiel et c’est un formidable gain de temps. On apprend à voir ce qui est important et ce qui ne l’est pas ! J’ai aussi pris conscience de la fragilité de la vie mais aussi de sa richesse. Je sais que la santé n’est pas un dû et que tout peut basculer à n’importe quel moment. J’arrive maintenant à capter tous les petits bonheurs du quotidien et à les transformer en moments d’éternité. J’ai appris à jouir des moments agréables et les petits plaisirs ont pris plus d’importance. J’ai cessé de me préoccuper des choses futiles.
Le cancer m’a enseigné le respect de la vie, de la mienne et celle des autres. Je sais qu’il y a l’amour, l’amitié, la famille, l’engagement d’un couple, qu’il est important de s’occuper et de se préoccuper des autres, des gens qui nous entourent et de ceux qui croisent notre chemin dans nos vies.
Je rends grâce d’être toujours là aujourd’hui, heureuse de vivre avec des projets dans la tête. C’est maintenant un abandon total au Seigneur, même dans les occasions les plus banales, que ce soit pour ma vie personnelle, mes enfants, ma profession… Fais de moi ce que tu veux, que ta volonté soit faite !
Le Seigneur seul sait ce que sera l’Avenir pour chacun de nous. Alors, à nous de vivre comme si nous devions mourir demain. Annie
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jonathan Administrateurs
Date de naissance : 13/07/1944 Age : 80 Localisation : Aveyron / France
| Sujet: Re: Témoignage d'Annie Sam 8 Fév - 9:56 | |
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nat Amis'es
Date de naissance : 21/01/1971 Age : 53 Localisation : Ile Maurice
| Sujet: Re: Témoignage d'Annie Lun 10 Fév - 16:01 | |
| Merci Pere Jean pour ce beau temoignage cest tellement important detre entouree par des gens quil faut quand on est malade, je remercie Dieur pour ses personnes. jai moi meme parmis mes amies celles qui accompagnent les malades. | |
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| Sujet: Re: Témoignage d'Annie | |
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