C'est ce monsieur qui voulait se débarrasser d'un sac d'immondices et qui l'avait jeté dans une source d'eau très claire et très pure, croyant que tout serait lavé, rendu à neuf. Horreur, c'est l'eau qui fut polluée, à jamais perdue.
Ce n'est pas dans l'eau que nous devons jeter nos détritus, mais dans le feu. Prenez le même sac d'immondices et jetez-le dans le feu. Même les choses les plus sales, les plus laides vont devenir lumière et chaleur.
Il y a bien deux chemins possibles pour nous convertir : Jean et Jésus disent, tous les deux, la même chose : "Convertissez-vous" (voir Marc 1,14-15)
Mais Jean est dans le désert, c'est-à-dire à l'extérieur de la vie de tous les jours. Avec lui, les gens essaient de se purifier, d'enlever de la surface ce qui les rend sales. C'est la première conversion.
Mais ce n'est qu'un premier pas. Jean Baptise en signe de conversion, il nous parle aussi d'une autre transformation, celle que Jésus apporte. Car, en même temps qu'il baptise, Jean annonce que celui qui vient après lui nous plongera dans le feu.
Jésus ne fait plus venir les gens au désert. Il va les rejoindre dans ce qu'ils vivent, dans leurs souffrances, dans leurs maladies, dans leurs révoltes... Jésus ne vise pas l'extérieur. Il nous invite à rentrer au plus profond de nous-mêmes. C'est là que doit se vivre la conversion.
Le premier travail de ce temps de l'avent, c'est de nous rendre présents à nous-mêmes, de revenir au centre de nous-mêmes. C'est là que le Seigneur vient nous rencontrer.
Et pour quoi faire? Pour nous plonger dans le feu. Cela pourrait être effrayant. Ce ne l'est pas si nous voyons que ce feu est le feu de l'amour, le feu de l'Esprit-Saint, l'amour qui unit Jésus à son Père.
Jésus nous invite donc à vivre, au plus profond de nous-mêmes, ce que lui-même vit avec son Père. Un amour qui brûle tout.
Quand nous jetons un morceau de bois humide dans le feu, cela commence par faire du bruit et de la fumée. C'est seulement après, quand le feu a pénétré dans le bois, que jaillit la flamme, la lumière et la chaleur.
Avec nous et Dieu, c'est la même chose. Lorsque nous laissons Dieu agir dans notre cœur, lorsque nous laissons l'amour nous travailler, lorsque nous laissons la générosité nous envahir et nous pousser dehors, cela commence souvent dans le bruit, la fumée et les larmes aux yeux.
Parce qu'il y a en nous de fortes résistances. Notre "moi, moi, moi" n'a pas du tout envie de se laisser déloger sans protester. Il veut rester au centre, occuper toute la place. Alors il fait obstruction.
La conversion nous apparaît, dans un premier temps, comme quelque chose de pénible, de fatiguant, quelque chose d'un peu triste, comme une cognée qui frappe un arbre et commence à l'abattre...
Et pourtant, c'est notre libération qui commence. Bientôt jaillira la flamme et la joie que nous découvrirons à nous donner, à tout donner sans compter, la joie sera plus forte que tout. (Abbé Paul)