3ème dimanche de l'Avent
Dimanche de la joie
Textes bibliques : lire
Ce troisième dimanche de l'Avent est appelé "dimanche de la joie". Oui, mais comment être dans la joie dans un monde qui ne cesse de générer des inquiétudes pour nous et nos enfants. Nous le voyons bien : les situations de détresse sont bien présentes. Des enfants sont tristes parce qu'ils sont victimes de maltraitance ou encore parce qu'ils ne réussissent pas à l'école. Des adultes sont tristes parce qu'ils se retrouvent sans emploi et sans argent. Des personnes âgées ou malades sont également tristes parce qu'elles souffrent de la solitude. Alors on se dit qu'en nous appelant à la joie, les textes bibliques exagèrent.
Mais en y regardant de plus près, nous voyons bien que ces messages ont été précisément proclamés et écrits pour des gens qui souffrent. La première lecture fait allusion à un peuple "qui se traîne à travers l'immense désert". C'est un peuple familier des exodes et des exils. C'est au cœur de cette douloureuse épreuve que le prophète Sophonie le rejoint pour lui adresser un message de joie : "Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations ! Réjouis-toi ! Tressaille d'allégresse ! "La cause de cette joie c'est la présence de Dieu au milieu de son peuple. Les prophètes annonce que l'histoire sainte débouchera sur des torrents de joie. Le Seigneur est au milieu de son peuple. Alors la peur doit disparaître et la joie doit éclater.
C'est aussi un appel à la joie que nous retrouvons dans la lettre de saint Paul aux Philippiens. Et pourtant, c'est un homme très éprouvé qui leur écrit. Il a, en effet, été arrêté et mis en prison. Mais dans cette douloureuse épreuve, il découvre une sérénité qu'il désire faire partager à ses correspondants. Dans le texte de ce dimanche, nous trouvons des mots essentiels : joie, bonté, action de grâce, paix. Si nous devons être dans la joie, c'est parce que le Seigneur est proche. Saint Paul nous recommande de nous abandonner joyeusement à Dieu en lui remettant tous nos soucis. C'est à cette condition que nous recevrons la véritable paix et que nous deviendrons à notre tour des artisans de paix. Les relations entre les familles et entre les peuples seraient bien meilleures si elles baignaient dans un tel climat.
L'Evangile de ce dimanche nous montre le chemin de la véritable joie. Les gens qui viennent à Jean Baptiste lui posent la question : "Que devons-nous faire ?" Voilà une question importante pour nous aujourd'hui. Nous ne pouvons pas nous contenter de belles intentions ou de belles paroles. Ce qui est premier c'est de "faire", c'est d'agir selon nos convictions de foi. Nous attendons la venue glorieuse du Christ ressuscité. Cette attente ne peut être passive. Elle doit se nourrir chaque jour de l'Evangile et de la prière.
Alors, que devons-nous faire ? On pourrait penser à des choses extraordinaires. Mais ce n'est pas cela que Dieu attend de nous. Les recommandations de Jean Baptiste sont toujours valables : pratiquer la justice et la miséricorde. "Que celui qui a deux vêtements partage avec celui qui n'en a pas. Et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même". A l'approche de Noël, nous voyons des vitrines qui scintillent de mille feux. Mais des milliers de chômeurs en fin de droit n'y ont pas accès et ne peuvent manger à leur faim. Aujourd'hui, Jean Baptiste nous rappelle que la seule réponse valable c'est le partage.
Puis viennent les publicains. Ce sont des collecteurs d'impôts qui travaillent pour l'occupant romain. Considérés comme des traitres, ils sont particulièrement méprisés par les hébreux. Ils augmentent le tarif qui leur est imposé, ce qui leur permet de s'enrichir au détriment des plus pauvres. Mais ils ne craignent pas de s'adresser à Jean Baptiste : Que devons-nous faire ? On aurait pu penser qu'il leur demanderait des actes extraordinaires. En fait il se contente de leur demander de faire honnêtement leur métier : "N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé". Evitez les malversations. Ne vous enrichissez pas au détriment des plus pauvres.
Viennent enfin les soldats qui posent la même question : " Que devons-nous faire ?" Jean Baptiste leur recommande de ne faire ni violence ni tort à personne. Eux qui avaient l'habitude des pillages sont invités à se contenter de leur solde. La solidarité et la justice sont deux exigences fondamentales. Sans elles, on ne peut pas bien préparer la venue du Seigneur dans notre vie. En ce temps de Noël, de nombreuses associations attirent notre attention et notre regard vers les exclus. Nous ne pourrons être dans la joie du Christ qu'en la donnant aux autres, en particulier à ceux et celles qui sont éprouvés par la précarité, la maladie, la solitude. C'est ainsi que nous préparerons le chemin du Seigneur dans notre vie, notre paroisse, et notre monde.
Dans quelques jours, nous fêterons dans la joie la naissance du Christ Sauveur. Le même Christ vient nous rejoindre dans notre monde et notre vie. Alors, cela vaut la peine de nous poser la question : "Que devons-nous faire ? Depuis Jean Baptiste, la réponse n'a pas changé : le respect de l'autre, le partage, la solidarité.
Par l'Eucharistie, Seigneur, tu nous donnes la nourriture qu'il nous faut pour cette mission. Nous venons nous nourrir et nous imprégner de cet amour et de cette joie tu veux nous communiquer. Puis, à la fin de la messe, nous sommes envoyés pour aimer tous nos frères dans le quotidien et le concret de leur vie. Dans ce monde qui meurt de froid, nous avons sans cesse à répandre le feu de l'amour qui est en toi. Garde-nous fidèles à cette mission.
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, Saisons bibliques, Homélies pour l'année C (A Brunot), Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye)